l’Ena 07/08-’04 • Inconnu

Izaline Calister, Krioyo

Découverte en 2000 avec un premier album solo sous son propre label, Izaline Calister nous revient dans un projet que chérissait depuis plusieurs années Christian Scholze, le directeur et producteur de Network: réaliser une production uniquement acoustique de jazz afro-caribéen. Après une période de maturation nécessaire et un deuxième album sorti en 2002, «Mariposa», Izaline Calister nous livre aujourd’hui un disque d’une grande sensibilité, sans aucun artifice ni concession á l’égard des canons de la world musk aseptisée. Sa voix, tout á la fois puissante et sensuelle, nous a littéralement ensorcelés…

Sur les îles ABC (Aruba, Bonaire, Curaçao), Krioyo, utilisé aussi bien comme substantif que comme nom propre, signifie «créole» en paparniento, la langue vernaculaire. Il exprime ainsi Ie processus permanent de «créolisation» qui fait battre Ie coeur de la société caraïbe depuis des siècles.

Née sur l’île de Curaçao, Izaline Calister a grandi au rythme de musiques hybrides aux accents tant africains et caribéens qu’européens. Partie à I’âge du dix-huit ans pour poursuivre ses études en Hollande, à Groningen, elle commencera à faire ses armes dans de petits clubs (notamment Ie De Spleghel). Mais ce n’est qu’après avoir terminé I’université –elle n’a rien de moins qu’un doctorat en économie– qu’elle se consacrera totalement à la musique. Elle décide alors de rentrer au conservatoire de Groningen, où elle se familiarisera notamment avec Ie jazz occidental. Peu á peu, elle mélangera ses racines musicales avec la musique d’une Ella Fitzgerald, d’une Diane Reeves ou d’une Cassandra Wilson. Suivront la chanteuse brésilienne Elis Regina, Ie guitariste et chanteur portugais Fernando Lameirinhas, qui vit en Hollande depuis longtemps, ainsi que Ie bassiste camerounais Richard Bona.

À ses débuts, elle forme le duo «Sourrio» avec le guitariste Rob Elfrink; ils jouent de la musique brésilienne et antillaise populaire dans de nouveaux arrangements. Puis elle rencontre Eric Calmes, pionnier du jazz antillais, qui recherchait une chanteuse et des textes. Remarquée par le claviériste Jasper Van't Hof, elle est ensuite engagée comme chanteuse dans son groupe Pili Pili; parallèlement, le batteur du groupe, Marlon Klein, lui propose de devenir membre du collectif Dissidenten. Après quatre ans de concerts au sein de ces deux formations, elle décidait de se lancer en solo…

Ce troisième album est celui de la maturité. La technique d’lzaline Calister est plus qu’éprouvée et les compositions qu’elle nous donne á entendre, jouées uniquement par des musiciens de Curaçao, offrent un son très personnel, les instruments traditionnels se mêlant au piano et à la guitare, au son respectivement latino et brésilien ou high life, sans oublier les cordes qui donnent soit un côté ballade jazz, soit carrément un côté acid jazz! Reprenant les rythmes de son île –tambú, rythmo kombina, tumba, muzik de zumbi, etc.–, l’album alterne les ballades, chargées d’émotion, et les morceaux entrainants des fêtes antillaise. Au-delà de la chaleur de l’été, vous pouvez être sûr que vous vous surprendrez à les réécouter en hiver… Mais peut-être aviez-vous déjà eu un avantgoût le 12 juin dernier á l'Européen où Izaline se produisait dans le cadre du Dutch Touch Festival 2004… Alors, il n’y a plus grand-chose à ajouter!